Union Artistique de Savoie

"éléments rassemblés et annotés" par Jean-Louis Herrmann

Revue de presse début XXe siècle

Le Patriote Républicain du 16 avril 1900 :

«Nécrologie

Nous apprenons avec un vif regret la mort prématurée de M. Jules Daisay décédé le mardi 17 avril dans sa maison de campagne de Barberaz. M. Daisay avait été l'élève du regretté maître chambérien Benoist Molin. Il avait appris de lui la rigueur d’un dessin sobre et l’amour de la vérité. Il se perfectionna à l’école des Beaux-Arts . Artiste très heureusement doué, d’une probité scrupuleuse, habile à observer et à interpréter la réalité naturelle, il fit recevoir en Salon plusieurs tableaux qui furent très remarqués et dont quelques uns ont été reproduits par la gravure. Au hasard de ses souvenirs, mentionnons le Petit Mendiant, l’Indiscrète, la Vielle de l’Examen, etc.. Il excellait surtout dans les portraits. Il savait discerner et rendre la caractéristique d’une physionomie. En 1881, il se consacra à l’enseignement . Il suppléa au lycée M. Molin et lui succéda en 1885 à l’Ecole préparatoire à l’Enseignement supérieur, au cours de peinture de la fondation Guy. Il rendit d’éminents service à la cultrure artistique de noter jeunesse, lui inspirant le goût du neau et la passion du vrai. Il contribua pour une large part à la fondation de l’Union artistique qui est devenue la féconde pépinière de nos jeunes aquarelliste et de jeunes peintres. Il apporta son précieux concours à la plupart des fêtes organisées à Chambéry ces dernières années, notamment à la magnifique cavalcade dont on n’a pas perdu le souvenir et à la kermesse de charité de 1891 L'estime de ses concitoyens à sieger au conseil municipal où il conquis tout de suite une grande autorité. SOn avais était prépondérant dans toutes les questions si nombreuses qui interesent les Beaux -Arts. En 1894, il fut nommé premler adjoint au maire de Chambéry et garda ces fonctions jusqu'au renouvellement de 4896. Déjà se sentant atteint et désireux de se concentrer tout entier aux travaux artistiques, il renoncça à se représenter au conseil municipal et s’occupa activement de classer les richesses de notre pusée municipal dont il fut nommé conservateur après le décès de M. Benoist  Molin. Cependant cédant aux pressanres sollitations de ses amis, il consentit à accepter une condadature au conseil d’arrondissement. Il fut élu et remplit ces fonctions avec le dévouement assidu et éclairé qu’il apportait à tous ses travaux. Le 2 janvier dernier, la maladie dont il était atteint et à laquelle il vient de succomber, ne empêcha pas de se faire transporter au Palais de Justice pour soutenir de son suffrage la cause républicaine à laquelle il était inébranlablement attaché.

Sa vie a éét celle d'un laborieux, d’un modeste et d’un vaillant. Il aurait pu, comme tant d’autres parmi nous, se faire à Paris une place parmi les plus renommés. Il a préféré passer son existence  dans sa ville natale. Il y a exercé une influence profonde et bienfaisante dont les effets se feront  longtemps sentir. Il a donné des exemples de dévouement, de désintéressement. Qui ne seront pas stériles. Il laisse de nombreux amis

qui pieusement  son souvenir. Nous prions sa veuve, si affectueuse et douce, ses filles, ses gendres, toute sa famille frappée par un deuil irréparable, d’agréer nos profonds sentiments de condoléances.»

2 mois après le décès de Jules Daisay, M. Trenca, membre actif de l’UAS disparaissait. Il était professeur au conservatoire et maître de Chapelle à l’église métropolitaine. Il créa le cercle choral et dirigea le cercle lmuscial. « C'était un peintre distingué et plusieurs de ses œuvres ont été prisée. Presque tous ses tableaux ont un cachet spécial et ses paysages aux tous adoucis ont une tonalité de mélancolie et de douceur qui les faisaient rechercher par beaucoup de connaisseurs ; l'harmonie musicale, l'harmonie de la couleur, tel a été le facteur sincère de son talent multiple».

Patriote républicain du 3 juillet 1904

«Obsèques de M. Barlet

Les obsèques de M. Barlet ont été célébrés hier matin. Une foule considérable se trouvait réunie à la gare d’où est parti le convoi funèbre pour se rendre à l'église Notre-Dame..  Les Cordons  du poêle étaient tenus par M. Garipuy,  secrétaire général, remplaçant le préfet empêché, par MM. Bel, de Villeneuve, Lyonne, Jarrin, Viotli, vice président de l'Union artistique, et Maunand, conseiller d'arrondissement du canton d’Yenne que représentait M. Barlet au conseil général. Deux discours ont été prononcés au cimetière par M. Garipy; au nom de l’administration et par M. Maunand au nom du canton d’Yenne. M. le secrétaire général de  la préfecture s’est exprimé en ces termes :

«Messieurs,

Je dois tout d’abord excuser le président qui, retenu ce matin par d’impérieures obligations administratives n’a pas pu à son grand regret rendre les derniers devoirs à M.Barlet, et m’a donné la mission de le remplacer à cette triste solennité. Je dois également présenté les excuses de MM. Les sénateurs Perrier et Gravin, empêchés par leurs travaux parlementaires de se trouver aujourd'hui à Chambéry.

Le premier, comme président du conseil général, a chargé M. le préfet de représenté ici cette assemblée. Délégué de M. le préfet, c’est donc au nom de l’assemblée départementale comme au sien que je viens rappeler brièvement devant vous, Messieurs, les services rendus par le regretté M. Barlet.

Les souvenirs qui resteront de lui parmi nous seront, avant tout, ceux d’un agronome très actif, très ami du progrès et des méthodes nouvelles, sachant non seulement profiter intelligemment pour l’exploitation de ses propriétés, mais désirant de propager ces méthodes autour de lui. Il fut des bons travailleurs de cette œuvre de perfectionnement qui est parvenue à transformer presque partout nos procédés d'exploitation, surtout en ce qui concerne la vigne et à développer la production du sol de Savoie dans des proportions  que nul n’aurait pû prévoir il y a trente ans. C’est à ce titre  qu’il joua une rôle prépondérant  dans nos grandes associations agricoles. Il fut vice président du Syndicat des agriculteurs depuis le 23 janvier 1886, date de la  fondation de ce syndicat :  membre de la chambre consultative d’agriculture de 1890 à 1901 et vice président de cette chambre en 1893.

    M. Barlet était doué d’une vocation artistique bien connue de ses amis. Son extrème modestie le tenait à  ce point de vue comme à divers  autres, en une défiance exagérée de lui-même. Il reste de lui toutefois quelques études d'amateur qui dénotent avec une ferme sûreté de dessin; une compréhension de la nature et un sens de la couleur suffisants pour laisser deviner qu’il y avait chez lui, sous des apparences réservées et froides, de tendance idéalistes. Aussi, au conseil général, était-il toujours chargé par ses collègues des rapports concernant sa chère Union artistique de la Savoie à laquelle il appartenait non seulement de fait, mais de cœur...»

En 1918, l’Union artistique organisait une

»Tombola au profit des oeuvres d’assistance aux Blessés

Exposition des lots gracieusement offerts par les artistes et de généreux donateurs.

Vendu au profit de l’Œuvre 0,50 f

Sonnet inédit de M. A. Bertin dédié aux français

Achard : sous bois dessins

D’Archier  1ere tranchée 1914 aquerelle faite au front

 Pont détruit sur la marne id

 Paysage savoyard aquarelle

Bérard ; Les Chappieux aquarelle

    J. Bugnard ;  Les récifs à la Croix de Calvaire, peinture

    F. Cachoud : Lune d’or à Clécy Pastel

    P. Calès (l’abbé) : La vallée de Tencin, peinture

             Pâle soleil de février à Tencin peinture

    J- M Caron : Une mare au Col d’Arrandon, pastel

L. Chapouilly  : Soir en Savoie, peinture

J Cochon : Le Général Songeon, gravure

P Combet Descombes:  Etude de nuit, gravure

                   Lande bretonne, peinture

J.  Communal : La Grande Paré vue du tunnel du Galibier, Peinture

C Coppier : La gardienne du cloître de St Jean de Maurienne , gravure

J. Counaud  La petite rue du port La Rochelle gravure

Ch. Cottet : Barques la nuit, gravure

    E. Dechelle :  Derniers rayons sur le Penay; pastel

E Dubois : La vallière en Carmélite Fraglebt en réduction du monument à Bossuet, scupture

P. Duverney : Mantes aquarelle

E. Filliard  : Girofflées aquarelle

F. Grange: Lanslebourd, aquarelle

J B Grosso : La cour de la ferme, aquarelle

André Jacques : Silhouette savoyarde gravure x 4

A de Lisio :  A la fontaine aquarelle

Mars Vallet : La victoire; sculpture

Jacques Martin :  Nature Morte, peinture

Laurence Millet : Jeunes alsaciennes peinture

           Pensées peinture

           Au jardin du Luxembourg pastel

    B. Molin : Tête d’homme peinture

Henriette Morel :  L’amie d’atelier étude peinture

Nocca-Jean : intérieur aquarelle

L Perrey : Convalescence esquisse peinture

Aug Pointevin : Paysage fusain

    F. A.  Ravier  2 dessins

 Le marais de l’Aleva peinture

 Soleil couchant aux environs de Morestel peinture

A Revel Artilleurs à Dixmude en décembre 1914 pastel

Louise Reybaud Oeillets pastel

J Roche  Primevères Peinture

B de Salinelles  Le glacier blancs au du Pelvoux aquarelle

P Sauvignier  Enterrement du poilu en Champagne croquis fait au front

 Les cuisiniers id

 Tranchée en Champagne id

J Viotti  : Apparition peinture

L Vaillat : La Savoie (en 3 volumes) 

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Jean Achard

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Jean Marius Bugnard

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François Cachoux

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Pierre Abbé Cales

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Charles Cottet

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Elie Dechelle

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François Aguste Ravier (école de Morestel)

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Louise Reybaud

Le Petit dauphinois du 31 décembre 1924 :

« Union artistique. — Pendant la guerre, l'Union Artistique de Savoie, comme toutes les sociétés où l'élément jeune avait disparu, a vu se ralentir son. activité. Cinq de ses membres fuirent tués. Il n'est point hors de propos de rappeler leurs noms : capitaine Dumas, commandant Cherreton, lieutenant Léon Chapouilly, Joseph Guichard, du 75° d'infanterie et le jeune et charmant Lucien Geoffroy, tué à Verdun, dont le talent naissant permettait les plus belles espérances. D'autres partirent dès le début des hostilités et, plus heureux, que les premiers, revinrent au pays, mais sans avoir subit toutes les souffrances et toutes les horreurs de la sanglante épopée. Enfin, les difficultés de l'existence contribuèrent à éloigner un certain nombre de membres honoraires

Mais' voilà que la vieille Union se relève, .consciente de l'utilité et de l'excellence de son rôle artistique. N'est-ce pas de ses ateliers que sont sortis la plupart, de nos artistes savoyards ? Cachoud, Filliard, Communal, pour ne 'citer que ceux dont le talent et la renommée' dépassent les limites de notre chère Savoie et même les limites de la France. Les. Claires nuits de Cachoud, les somptueuses fleurs de Filliard, les prestigieuses montagnes de communal ont, en effet, depuis longtemps franchi nos frontières..

Ce qu'il y a. d'assez, piquant, dans lés débuts de .ces trois artistes dont les talents, sont si différents, et même si opposés, et l'on .peut ainsi parler, c'est qu'ils quittèrent tous les trois la. plus antiartistique des corporations, les Ponts et Chaussées, pour se livrer entièrement à la peinture.

Ce que l'Union Artistique a fait dans le passé, elle doit le faire pour l'avenir, elle doit grouper tous les jeunes gens qui se sentent attirés vers les arts du dessein et, parmi eux, encourager plus spécialement ceux qui sont susceptibles, comme les grands artistes cités plus haut, de s'exprimer d'une façon personnelle et originale.»

Le Petit Dauphinois fit un journal quotidien régional, publié du 29 décembre 1878 au 10 août 1944, et diffusé dans les départements de l’Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie. Son siège et sa rédaction étaient installés à Grenoble.

Fondé par Pierre Baragnon, homme politique républicain, à la fin de l'année 1878, afin de devenir le « grand quotidien des Alpes françaises », le Petit Dauphinois cessera de paraître le 10 août 1944, suspendu pour avoir continué à être publié durant la Seconde Guerre Mondiale et l'occupation allemande. Après la guerre, il sera remplacé dans sa fonction de journal régional par Le Dauphiné libéré.

Le Petit Dauphinois le 16 juin 1925 :

«Les membres de l'Union Artistique de Savoie sont invités à une excursion à Aiguebelette, organisée par la société, pour jeudi prochain 18 juin. Départ de la gare de Chambéry à 8 h. 15. Déjeuner à midi, à l'hôtel Julliand. Retour en gare de Chambéry. à 7 h. 15 du soir. Dépense approximative : 15 fr. Les peintres assisteront nombreux à cette excursion et en rapporteront d'intéressantes études ; ils seront heureux d'y voir participer les membres de la société qui voudraient se joindre à eux et passer une agréable journée au bord de l'eau».

Le Petit Dauphinois du  16 juin 1925

«Le bureau le l'Union Artistique avise les membres de la Société qui désirent "participer, le mois prochain à l'exposition qu'elle organise à Grenoble que les envois seront centralisés au siège de la Société»

Le Petit Dauphinois le 6 octobre 1926 :

«Nous sommes heureux d’annoncer la publication d'une brochure consacrée au souvenir d’Emnanuel Denarié. Là ont été reunis les discours prononcés le 19 juillet, au cimetière de Chambéry, par M. Henry Bordeaux, membre de l'Académie Française et par M. François Granger, président de l'Union Artistique de Chambéry, ainsi que le discours prononcé le 20 juillet, à l’Académie de Savoie, par M. Charles Arminjon, vice-président de cette Académie.»

Le Petit Dauphinois du 13 janvier 1927

«Exposition Millet,

Si personnelle, si éprise des formes de la lumière, Mlle Millet expose chez Janin deux toiles : « La Palmeraie » et « Géraniums rosés ». Professeur de dessins à l'Ecole Jules-Ferry, où son talent et sa personnalité sont hautement appréciés, ainsi que dans le local de l'Union Artistique, où la communauté du même culte a réuni les artistes les plus divers, une occasion de pénétrer dans les ateliers me laissa rêveur devant une œuvre de cette artiste dégageant toute la beauté, la fine intellective des lignes féminines. On sait avec quelle décision, quelle certitude elle pose ses figures tracées d!une main sûre.Pour tous ceux qui ont vu l'exposition de Mlle Millet, la vision de ces toiles fleuries laisse dans le souvenir une  impression de joie et d’art, comme celle d’un lumineux ruissellement de fraîcheur et de floraisons printanières»

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Le Petit Dauphinois du 18 octobre 1927

«Prix de peinture.

Un prix de peinture de 300 francs sera décerné cette année à l'auteur de la meilleure œuvre (paysage, fleurs, nature morte). Tous, les  membres de l'Union Artistique pourront prendre part à ce concours. Les concurrents devront faire parvenir leurs œuvres avant le 25 novembre prochain.»

Le Petit Dauphinois du 25 avril 1928

«Salon de l’Union artistique

L’Union artistique de Savoie a organisé l'exposition générale d'œuvres de ses sociétaires qu'elle avait précédemment annoncée ;

elle restera ouverte du 15 au 22 avril inclus, le matin, de 10 h. à midi ; le soir, de 2 à 6 h. L'entrée en est gratuite. Les nombreux visiteurs que cette manifestation artistique ne peut manquer d'attirer y seront retenus par des œuvres importantes et très diverses de nos peintres savoyards.»

Le Petit Dauphinois du 25 décembre 1928

«Union Artistique de Savoie.

— Une réunion aura lieu au local habituel le samedi 29déc embre, elle sera suivie d'un diner. Prière d'envoyer les adhésions de suite à M. Communal, secrétaire,10, rue des portiques.

La société organise pour le mois d'avril prochain, entre tous ses membres une tombola de tableaux, une exposition de peinture et un concours pour le prix de 300 francs offert par elle. Pour y participer, les Artistes et amateurs d'art peuvent se faire inscrire comme membres de l'Union»

Le Petit Dauphinois le 12 avril 1931

«L'Union Artistique de Chambéry exposera, du 20 au 23 avril, dans les vitrines de de M. Janin, les lots de la tombola qu'elle offre à ses membres. Remarquable, cette année par la valeur et la qualité des œuvres offertes, cette exposition réunira notamment des tableaux de Cachoud, Communal, Daille, Germain, André Jacques, Artigues, Abbé Durand, Carie, de Mlles Villerme, Guichon, etc., doit intéresser vivement le public chambérien  et inciter nombre de nos compatriotes à devenir membres de la société.

Le tirage de la tombola aura lieu à l’atelier 10 rue de Boigne».

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André Artigues qui s’inspira des estampes japonnaises.

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Louis Germain

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André Jacques

Le Petit Savoyard le 23 avril 1931

«Prix de l'Union artistique.

Le prix de 1931 récompensant le meilleur paysage a été attribué au peintre Lucien Michel, pour son très intéressant tableau de «La Maison du Pêcheur au Viviers». Nous avons été très heureux de féliciter Michel de cette récompense qui a d'autant plus de valeur qu'elle a été décernée par un véritable jury d'artistes, comprenant : Grange, Communal et Carron. La tenue du tableau élu au milieu de tous autres est remarquable. Vus d'en haut, les jardins de la « Maison du Pêcheur » au Viviers étalent leurs allées blondes et leurs vertes pelouses irradiées d'une subtile lumière au bord d’un lac inerte dont les flots sans grâce nous mènent jusqu'à la rive éloignée du Bourget. Les détails observés avec minutie des petites barques accrochées à la petite digue, les minuscules consommateurs autour de leur table ronde sont traités dans une note toujours juste et vivante. Le moindre mérite du tableau n'est  pas la vision nouvelle qu'il nous donne d'un paysage qui nous est familier, sa réelle sincérité.

Trop d'artistes savoyards nous ont lasses en nous montrant trop souvent un lac toujours le même dans la convention de ses effets bleus et rosés.

Nous espérons beaucoup de Michel dont l’envoi au Salon du Sud-Est qui se tient actuellement à Lyon et où de trop rares peintres chambériens sont admis, est d'une très grande qualité.»

Le Petit Dauphiné du 19 mai 1932

«Exposition de l'Union Artistique,

En même temps qu'elle montre, à la galerie Janin, les lots de la tombola qu’elle offre à ses membres honoraires, l’Union artistique présenta dans ses ateliers, 10 rue de Boigne, son exposition  annuelle. Réunissant des peintures de Carie, Chenu, Communal, Pachoud, Petbelaz, Rigolier, Vullierme, cette exposition plus abondante que les précédentes est d’une tenue remarquable ; elle contient des œuvres et des ensembles importants de quelques peintres.

Il est indéniable qu’elle ne  déparerait pas maintes trèsgrandes villes et nous y voyons le témoignage  du niveau très élevé auquel se hisse la peinture savoyarde.»

Le Petit dauphinois du 15 octobre 1933

«Cette exposition des ateliers de l’Union artistique ouvre brillamment la saison de peinture à Chambéry. Plus de 20 peintres sont groupés autour de Joseph Communal, âme vivante de la société dont il est secrétaire perpétuel. Ses clairs tableaux du lac du Bourget sont une évocation charmante de atmosphère tendre et nostalgique de notre pays de Savoie ; il expose aussi dans un décor de lac un écor un jeune corps de femme, frais et pur. L’influence de ce grand artiste, qui détermina autrefois tant de peintres jeunes et vieux à adopter la technique de la peinture au couteau , se faut peu sentir ici. Nous ne voyons guère que le docteur Chenu, qui s’y rattache dans un effet très réussi sur le lac du Bourget et par un autre côté, Mlle Péthellaz et Mme Clerc Charpy, clans leurs aquarelles de fleurs aux couleurs vives si affirmées.

Carle, dont nous avons dit récemment un grand bien, à  propos de son exposition a la galerie Janin, expose un paysage très personnel, ainsi que des aquarelles libres et  séduisantes.

Mlle Guichon, dans plusieurs tableaux de fleurs toutes blanches sur un fond aussi blancs, fait œuvre de virtuose.

De Piot, nous n'avions pas vu encore aussi bon ensemble : ses petits paysages encore aussi bon ensemble : ses petits paysages fins et délicats sont très intéressants surtout par la finesse et la subtilité de leur atmosphère.

La grande nature morte «Livres et fleurs des champs» qu’a envoyée Grange, est une œuvre qui s’impose par la qualité de sa composition et de sa couleur, la perfection de son métier. C'est le tableau le plus abouti que nous ayons vu de cet artiste, qui est appelé à se créer une des premières places dans la jeune peinture moderne française.

De Michel, un seul paysage, mais très beau, le port d'Aix-les-Bains, d'une atmosphère vraie et saissante.

Nous sommes très mal placé pour parler de l’envol de Daille : une nature morte avec des oranges, une grande toile consacrée à ces fleurs d'une blancheur si rare que sont les arums et, enfin, un dessin de nu accroupi.

Mme Pierotti qui envoyé des croquis dessinés et peints, d’une sensibilité et d’une personnalité charmante.

Les dons de coloriste de Mlle Pollier don c’est la première exposition, doivent être pour beaucoup une révélation. L’éclat de ses roses et de ses gentianes peintes en pleine pâte est d’une qualité rare ; nous avons plaisir à voir son talent s’affirmer à chaque nouveau tableau.

Plus sévères, les boules de neige de Mme Pachoud sont, ainsi que ses paysages, d’une grande distinction.

Les roses et les hortensias de Mme Guiraud, témoignent outre un grand amour des tons vifs, de solides qualité de dessin, que vient confirmer un portrait de bon vieillard.

L'abbé Durand expose trois paysages de Savoie, baignés d'une lumière dont nous aimons la blondeur.

Les aquarelles de fleurs de Mme Baud-Denat: gentianes, roses et oeillets bien dessinés sont d’une couleur et d’une harmonie  toujours agréable ; nous croyons qu'avec un peu plus de liberté, elles doivent acquérir une grande séduction.

Les peintres de Haute-Savoie sont représentés par  Mme Biennies, dont nous apprécions hautement les qualités de conscience et l’habilité vraiment peu ordinaire ; Mlle Lansé dont les montagnes sont parées d'un

Bleu si beau et par Lachat qui affectionne les effets d'automne au bord du lac d’Annecy.

Enfin, Mme Rigolier, qui a pris la discipline de  l'école grenobloise, expose trois bon bons tableaux : un paysage du lac du Bourget, un bouquet de roses de Noël et une nature morte, qui témoignent de très grands progrès accomplis et  doivent classer définitivement cette artiste parmi les meilleurs.»

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Joseph Communal - Lac du Bourget

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Amélie Clerc Charpy

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Claudia Guichon

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Robert Grange

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Amédée Daille

Le petit Dauphiné du 10 novembre 1934

EXPOSITION DE L’UNION ARTISTIQUE

C'est au 4 de la Rue de Boigne qu'elle a lieu. Dans les ateliers, on a accroché aux vieux murs des œuvres nouvelles. C’est ici que ce sont formés tous nos peintres de Savoie dont notre petite patrie s'enorgueillit. Molin, notre plus grand peintre; Bérard, Chapouilly ont été les présidents de l'Union Artistique; J. Daisay, Morion, Cachoud, Filliard, pour ne citer que les plus célèbres, en ont fait partie. Actuellement, la Société est présidée  par M. Grange, un autre peintre de mérite et de grande culture. Elle continue la tradition en formant par un entraide mutuel de jeunes peintres. Elle leur offre locaux aménagés, éclairés, chauffés et conseils gratuite, pour rien : il leur suffit d'être de la société.

Toutes les œuvres exposées ne sont pas toutes dignes d’éloge, mais toujours indiquent un effort méritant d’être encouragé. En mettant à part les paysages de Communal, nous devons signaler comme très bonnes œuvres les portraits de Daille et de Carle. Celles de Daille se distinguent par des tons fins et recherchés, celles de Carie par une puissance de colorie unie à une grande distinction. Nous signalerons aussi comme figures celles de Mme Rollet, diverses, variées, pleines de promesses.

La composition de genre, le corps humain, sont représentés par les œuvres de Jean-E. Communal. Le jeune artiste a un cirque qui est une composition qui nous enchante même dans ses défauts. Les nus, peintures et dessins sont sobres et intéressants. La couleur de ses œuvres est juste, sensible et rayonnante. Les paysages sont fins. Les tableaux de fleurs et paysages sont nombreux. Ceux de Mme Bouvier-Guichon, largement traités, ont toujours l'envolée, l'imprévu et la distinction qui ont toujours fait l'intérêt de ses œuvres. Nous aimons tout particulièrement son tableau de tulipes noires.

    L. Michel présente un bouquet de roses blanches sur une cheminée. La composition du tableau, particulière et inattendue, étonne, mais ne nous déplaît pas. Les paysages sont très particuliers. Mlle Polliez a un genre à elle, fait de belles tâches de couleurs unies par des gris estompés sur les contours. Ses fleurs et ses paysages sont largement traités. Elle a le sens de l’harmonie des beaux tons. Mlle Pethellaz dans ses fleurs aux tons vifs, sait mettre dans ses œuvres une originalité qui lui est propre. Mme Guiraud apporte des tableaux de fleurs à couleurs fraîches et brillantes; ses paysages nous paraissent encore meilleurs. Citons également les fleurs et petits paysages de Mme Pachoud. La sincérité de ses œuvres font l’attrait.

Suzanne Lansé expose quatre paysages pris près du lac d'Annecy. Traités dans les tons bleus et fins. Ils séduisent infiniment. De M. Piot, des paysages divers très subtils, très en valeurs vraiment de bonnes œuvres. Son paysage d’hiver des Aiguilles d’Arves, ses vues grises du lac du Bourget retiennent tout particulièrement l’attention. Mme Rigolier a une bonne nature morte et un très bon paysage de Beaufort. Notons les paysages d’Annecy et ses environs par M.  Mugnier et ceux du Midi, par M. André sans oublier les petits paysages naïfs , mais bien vus de M. Bouvier».

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Jean Ernest Communal

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Suzanne Lansé

Le Petit Dauphinois du 7 février 1935

«L’exposition de la neige organisée dans une des galeries des portiques par l’Union artistique de Chambéry est une très belle réussite.

Elle ouvre brillamment la série des expositions de groupes qui rassembleront désormais, chaque mois, les artistes sur un sujet commun.

Ce premier sujet a inspiré à Communal un tableau aux proportions grandiose : «La neige sur les aiguilles d’Arves» ; à Piot, une froide vallée d’Aiguebelle qu’animent de jeunes patineurs ; à Mme Bouvier-Guichon, une petite chapelle des environs de Chamonix, ensevelie sous un épais linceul ; à Michel, le sillon  fraîchement tracée sur les flancs du Mont Revard; à Mlle Pollier, un plateau de Plainpalais vibrant de soleil ; à Carie, des aquarelle aveuglées de lumière où le ciel devient d’encre par-dessus  l’éblouissement de la neige ; à Daille, enfin; un château de Chambéry, tout poudré de la première chute.

Il était véritable qu’un tel sujet impose des tableaux clairs et blancs. Pétris de lumière et de rayonnement, ils forment une harmonie très douce pour la joie de nos yeux. Pourtant, ces tableaux n’expriment pas tour ce qui peut être dit sur la neige. S'ils en ont très agréablement traduit le côté joyeux et lumineux, ils ont à peine effleuré le côté sportif. Aucun ne s’est attaché au côté inhumain et triste de la neige, aucun n’a recherché non plus la peinture de la vie fiévreuse qu’à déchaîné, dans les stations à la mode, la vogue des sports d’hiver. Du moins, nous avons une exposition vivante et probe et qui a le grand mérite de nous garder un peu de la magie de la nature.»

Le Petit Dauphiné du 15 août 1935

«La Société des Artistes savoyards modernes procédera, mardi 20 août, à 11 heures dans l’atelier de l’Union artistique au tirage au sort des bourses d’achat offertes à ses membres. Ces bourses aux heureux gagnants d'acquérir des oeuvres à choisir à l’exposition de la société qui se tient actuellement à l’intérieur de la galerie Janin, sous les Portiques. Tous les artistes et membres de la société sont invités au tirage.»

Le Petit Dauphiné le  3 décembre 1935

«Dimanche matin, a eu lieu au siège,  rue de Boigne, le vernissage du Salon annuel de l’Union artistique. A cette occasion elle a offert ses membres une tombola qui, cette années, se compose de bourses? Voici la liste des gagnants : Mlle Girodin, 300 fr.;  Mme MOllens, 300 fr.; M. Emile Chiron, 250 fr.; M. Marcellot, 250 fr; . M Cellière, 250 fr.; M. Communal, 250 fr.; M. de Bissy,  50 fr. M. Martinet, 250 fr.»

Le Petit Dauphinois du 25 novembre 1936

«Le Prix de l’Union artitique de Savoie vient d'être décerné à M. Piot, d'Aiguebelle, et à Mlle Pollier, de Chambéry. Félicitations aux lauréats».

Le Petit Dauphiné du 8 novembre 1937

«Le vernissage de l'Exposition de  Peinture de l'Union Artistique, a eu lieu dimanche, à 11 heures en présence du sénateur Borrel et de nombreuses personnalités parmi lesquels nous citerons, autour de M. Communal, président honoraire : MM. Rousselot, de la Gontrie et Mme Rollet, docteur Gaillard et Mme Marcellot, Mlle Dénarié, Mme Moyrond et très nombreux artistes.

L'Exposition que rehaussent les envois de M. Grange, retout de Rome et de M. Carie, fixé à Paris, est très importante en raison de la qualité des œuvres exposées. Les recherches des artistes, les efforts qu’ils ont fournis en ces dernières années, particulièrement durent pour eux, les ont presque tous conduits à des progrès que l’on remarque enfin nettement. Nous pouvons dire que l’art savoyard témoigne ici d’une vitalité et d’une force qui présage bien de son avenir. Nous citerons parmi les exposants les plus remarqués :

: MM. Blanc. Carie, Chenu, Communal, Conte, Daille, Desebbe, Mlle  Giraudin, Maire, Mme Pachoudl. Mlle

Pollier, Piot, Mme Rigolier, Mme Rollet et Mme Rosselot.

Signalons enfin que l’exposition est ouverte au public dans les ateliers  rue de Boigne jusqu’au 12 novembre.»

Je n’ai plus retrouvé d’articles sur l’Union Artistique au-delà de 1937. Très probablement, les journaux postérieurs à 1939, n’ont pas été scannés. Nous verrons ce que je pourrai trouver dans la presse récente (le Petit Dauphinois devient le Dauphiné libéré après la seconde guerre mondiale)

Je retiens de cette histoire :

. l’UAS : un bouillon de stimulation de jeunes peintres savoyards talentueux. S’il n’y a pas eu une réelle «école savoyarde) (comme il y a eu une «école de peintres de Morestel»), il avait bien un  vrai «atelier»  (même si ce n’était pas le «Bateau Lavoir»).  Mais, au fil des ans, les artistes circulaient plus facilement, «montaient» à la capitale, d’autres sociétés artistiques furent créées. L’UAS a dû s’adapter... pour continuer à vivre,

. les personnalités marquantes et attachantes,

. les tombolas dont le but a évolué. Les expositions de l’UAS. Des œuvres de qualité.

. la disparition (progressive ?) des membres honoraires (dont le rôle fut si importants lors de la création.) L’UAS était trop républicaine pour cette société très certainement très conservatrice.

. la féminisation progressive et importante de l’UAS à partir du début du 20ème siècle.

. une certaine imperméabilité aux mouvements artistiques contemporains,

. l’évolution de la prose journalistique.